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Université

Repas à 1€ pour tous au Crous : « Rejeter cette mesure, c’est ne pas avoir conscience de l’ampleur de la précarité chez les étudiants »

Alors que l'Assemblée nationale a rejeté en février dernier la proposition de loi qui visait à fixer le prix du repas Crous à 1 € pour tous, d'autres élus se sont fortement opposés à ce rejet, à l'image du député France Insoumise Louis Boyard. À Besançon, l'élu écologiste Nathan Sourisseau crie à l'inconscience de l’ampleur de la précarité chez les étudiants.


Hugo Petitjean
Le 28 mars 2023 à 19h43

Le refus de cette mesure à une voix près montre à quel point la mesure divise. Alors que la majorité se réjouit de cette décision, avançant notamment l’argument d’une tarification à 3,30 € déjà très avantageuse, d’autres députés et élus regrettent cette inconscience, à l’image de Nathan Sourisseau, conseiller municipal délégué à la jeunesse et à la vie étudiante. « Le fait qu’ils aient voté contre cette mesure démontre à quel point ils n’ont pas pris conscience de l’ampleur de la précarité chez les étudiants, à l’échelle nationale ou locale », fustige-t-il.

Une précarité de plus en plus forte ?

Pour l’élu, la précarité étudiante n’est plus un secret. Elle est même de plus en plus importante d’année en année. « Quand on remonte dans le passé, on se rend compte que cette précarité est de plus en plus forte et qu’elle ne s’arrête pas », affirme-t-il. Pour chiffrer cette précarité, l’Union Nationale des Étudiants de France (UNEF) publie chaque année son rapport sur le coût de la vie étudiante. Depuis 2018, ce coût ne cesserait d’augmenter, avec une hausse record cette année : + 6,47 % par rapport à l’année scolaire précédente (2021-2022). « Chaque année, ça augmente plus que l’inflation, donc ça veut dire que le pouvoir d’achat des étudiants baisse », analyse Nathan Sourisseau.

En matière de chiffres, deux organisations cohabitent : l’UNEF, qui estime le coût de la vie étudiante, et la FAGE (Fédération des Associations Générales Etudiantes), qui estime le coût des frais de rentrée et le coût de la vie courante. En comparant les données de ces deux organismes avec celles de l’inflation, établies par l’INSEE, on note que l’augmentation du coût de la vie étudiante est presque systématiquement plus élevée :

La contrainte du travail à côté des études

Cette précarité s'illustre également par le nombre d'étudiants qui, en France, sont contraints de travailler à côté de leurs études, souvent l'été, mais parfois aussi au cours de l'année universitaire. Selon la dernière enquête de l'Observatoire National de la Vie Étudiante datant de 2020, 40 % des étudiants en France ont une activité rémunérée pendant l'année. Plus alarmant : 51 % d'entre eux estiment cette activité indispensable pour vivre. En Bourgogne Franche-Comté, les chiffres sont toutefois meilleurs : seuls 25 % des étudiants travaillent par nécessité.

L'argument du manque de moyen est du pipeau

En février dernier, Éric Alauzet expliquait à La Loop qu'il est compliqué d'adopter la mesure du repas Crous à 1 € pour tous sans perdre en qualité. Pour Nathan Sourisseau, ce sont uniquement des choix politiques. "La majorité veut mettre en place le SNU (le service national universel, NDLR) obligatoire pour tous. On nous dit que ça va coûter 2 milliards d'euros. Mettre en place la mesure du RU à 1 € pour tous coûterait environ 30 millions d'euros. C’est une question de priorité politique et de choix budgétaires. Pour moi, apporter une réponse à la précarité des étudiants fait partie des choix premiers", estime le conseiller municipal.

1 € pour tous afin d'éviter "les trous dans la raquette"

Au-delà d'apporter une première réponse à la précarité, cette mesure aurait permis, selon Nathan Sourisseau, de pallier aux critères d'attribution des bourses qui sont parfois inadaptés. "Le vrai problème des bourses, c’est qu’une partie des étudiants ne sont pas boursiers en raison du fait que leurs parents ont des revenus élevés. Mais parfois, ces étudiants ont coupé les ponts avec leurs parents et se retrouvent dans une situation de précarité", explique l'élu qui, sur ce point, rejoint les députés de la majorité. De même, les étudiants internationaux ne sont pas boursiers "mais souvent précaires", complète-t-il.

Actuellement, le repas à 1 € est également proposé aux étudiants non boursiers en situation de précarité. Sauf que la démarche pour en bénéficier semble assez complexe. "De l’aveu même du Crous à Besançon, il y a très peu d’étudiants non boursiers qui sollicitent cette aide, souvent parce qu’ils n’en ont pas connaissance", explique Nathan Sourisseau. "Le RU à 1€ pour tous permettrait de s’assurer qu’il n’y a pas de trou dans la raquette et que l'on n’oublie pas des gens", conclut l'élu.

À l'échelle locale, entre septembre 2022 et février 2023, 46,7 % des repas servis aux Crous de Besançon étaient des repas à 1 €. Par jour, plus de 3400 repas y sont servis aux étudiants.



Hugo Petitjean

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