Suzane, artiste féminine pleine de convictions
Océane Colom alias Suzane est une auteure compositrice électro française, née à Avignon. Nom de scène choisi en référence à sa grand-mère, elle est révélée en 2019. Son premier album Toï Toï sort l’année suivante et elle deviendra vite une artiste phare de la chanson française. Dans ses titres, Suzane aborde des sujets d’actualité brûlants et clivants avec brio : l’écologie comme dans Il est où le SAV?, le harcèlement sexuel dans SLT, ou encore le rejet de l’homosexualité dans P’tit gars. Une artiste pleine de convictions, qui ne manquent pas de dénoncer dans ses morceaux électros.
Pomme l’artiste « grandiose » et engagée à suivre de près
« J’avais envie de prendre part à de vraies actions et d’avancer sur ce chemin de désir d’égalité » confiait-elle à RTL en 2018. Claire Pommet alias Pomme, est une auteure-compositrice interprète engagée en faveur des droits LGBTQ+, de l’écologie, mais aussi de la place des femmes dans l’industrie de la musique. Dans son second album les failles, Pomme nous offre ses faiblesses, ses combats dans des paroles poétiques et subtiles. Dans Grandiose, elle y évoque son rapport à la maternité, mais aussi le manque de représentation des femmes lesbiennes. Il n’est pas rare non plus de l’entendre clamer l’amour conjugué au féminin, comme dans On brûlera. La chanson Sorcières de Claire Pommet fait écho à cette figure, de nos jours de plus en plus emblématique de la lutte féministe (voir Sorcières, la puissance invaincue des femmes de Mona Chollet).
Pomme s’engage pour le « zéro déchet ». Elle est végétarienne et ne consomme presque plus de produits laitiers, s’habille dans des friperies… Des petites gestes qui témoignent d’un engagement de taille. Sacrée artiste féminine de l’année aux Victoires de la Musique 2021, cette dernière a récemment dénoncé les violences sexistes et sexuelles dans l’industrie de la musique, dans une lettre sur Médiapart intitulée, De la où je suis, j’ai décidé de dire les choses.
« J’écris cette lettre pour toutes les personnes qui n’ont pas encore trouvé cet espace dans lequel se reconstruire, qui n’en ont pas la chance, pas l’opportunité, j’écris pour espérer que quelques-unes se sentiront moins seules, pourront demander de l’aide, et pour que les autres réalisent et agissent, devant l’ampleur des violences quotidiennes perpétrées dans nos professions. » écrit-elle.
Yseult l’indépendante
Jamais deux sans trois, l’auteure compositrice et mannequin française Yseult rejoint ce beau palmarès de femmes engagées.
Découverte dans l’émission Nouvelle Star en 2013, elle est reconnue comme Révélation féminine de l’année lors de la 36e cérémonie des Victoires de la Musique. Associant ambiance planante et brute, elle défini son style comme de la « Y-Trap », probablement une façon d’exprimer l’artiste unique en son genre, signant toutes ses actions par un « Y ».
Et des actions, il y en a. Entre 2017 et 2019, Yseult quitte Polydor et créée son propre label « Y.Y.Y. ». À 26 ans, elle profite de la visibilité qu’elle a gagné jusque-là pour défendre les causes qui lui sont chères. Que ce soit dans ses textes ou chaque fois qu’elle en a l’occasion, Yseult se pose comme une figure de l’acceptation de soi face aux critiques grossophobes, racistes ou encore sexistes et exprime un discours engagé et militant.
Chez Clique TV, lorsque Mouloud Achour pose la traditionnelle question « Comment ça va ? » à son invitée en début d’émission, Yseult se livre dans un « coup de gueule ».
L’artiste féminine s’assume complètement, par ses textes, ses clips, son discours, ses posts Instagram, ses tweets, ou encore sa tenue zébrée lors de la cérémonie des Victoires de la Musique. Après avoir reçu son prix, elle énonce émue et fière : « Le chemin est long en tant que femme noire, en tant que femme grosse, en tant que femme oubliée de la culture (certaines radios refusent de diffuser sa musique, ndlr), nous y sommes papa […] on va y arriver, on ne veut pas nous laisser prendre l’ascenseur, pas de soucis on va prendre les escaliers. Notre colère est légitime et je voudrais que toute la France l’entende. Soyons unis. »
Keny Arkana : « Perturbatrice naturelle. Libre, au sens spirituelle comme au sens pratique »
Keny Arkana est une chanteuse/rappeuse née le 20 décembre 1982 à Paris (Boulogne Billancourt). Elle grandit cependant à Marseille où le rap arrivera dans sa vie à 12 ans dans une période de sa vie compliquée où elle multiplie les passages en foyer, rythmé par les fugues. Elle se considère alors comme une enfant de la rue. N’ayant connu que ça, la rue est pour elle : l’école de la vie. Keny Arkana raconte d’ailleurs ces années difficiles dans la chanson « Je me Barre » où la seule chose dont elle rêvait était de fuir et aller vivre ailleurs.
Dans la musique depuis 96 elle fait plusieurs apparitions sur les projets d’artistes marseillais à partir de 1999. C’est en 2003 qu’elle sort sa première mix-tape qui la poussera à en sortir huit autres jusqu’à « L’Esquisse 3 » en 2017. Keny refait une apparition en 2020 sur le projet « 13 Organisés » de Jul et sera la seule femme sur l’album. Malgré une carrière bien remplie, elle n’a sorti que deux réels albums studios. Le premier en 2006 avec « Entre ciment et belle étoile » et « Tout tourne autour du soleil » en 2012.
La rappeuse s’est positionnée sur de nombreux problèmes qui gangrènent notre société comme l’écologie, l’environnement (pollution, surexploitation des ressources naturelles), la surveillance électronique, la mondialisation et les guerres économiques. En 2004, elle rejoint le mouvement la rage du peuple, mouvement altermondialiste, proposant une autre organisation du monde possible, en régulant entre autres la mondialisation. Dans son combat, sa musique a pour but de transmettre ses idéaux et de faire bouger les gens pour faire changer les choses. Sans prôner la violence elle appelle à la révolte, aux manifestations, faire réagir les citoyens qu’elle surnomme les « indignés » et prendre le pouvoir grâce à la force du nombre.
Dans « Casse le schéma » Keny Arkana propose justement de changer le mode de fonctionnement de notre société et redonner le pouvoir au peuple en stoppant le cercle vicieux de la loi du plus fort des multinationales et des politiques. En 2011 elle sort « V pour vérité » avec un clip poignant critiquant les médias et leurs mensonges. La chanteuse se met donc en scène en interrompant le journal de 20 h pour rétablir les vérités cachées.
Elle critique également les classes sociales qui nous opprime et nous divise, on vit dans une routine de « métro boulot dodo » dictée par la société sans pouvoir s’en émanciper.
En dehors du rap Keny prend beaucoup position dans des forums altermondialistes en Afrique ou en Amérique, mais aussi dans des vidéos ou reportages, comme « Un autre monde est possible » en 2006 avec des témoignages de personnes du monde entier.
« Ils disent qu’on rentre pas dans la norme car ils ont inventé les règles »
Keny Arkana