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Portraits

« Tej par texto » : l’art de la rupture à l’ère du numérique pour la bisontine Audrey Gagnaire

Ça vous est déjà arrivé de vous faire "Tej par texto" ? Entendez par là "plaqué par écrans interposés". Ces situations ont inspiré Audrey Gagnaire, qui en a créé un compte Instragram et sorti un livre.


Enolane Dubrez, Léna Feghoul et Alvin Badila-Milandou
Le 23 mars 2021 à 20h00

Le 13 octobre dernier, la créatrice de contenu franc-comtoise Audrey Gagnaire a sorti un livre où elle tente de décrypter et de montrer avec ironie les messages de rupture les plus insolites qu’elle a pu recevoir. Rencontre avec cette jeune femme à l’initiative du SAV des cœurs cabossés 2.0.

À 27 ans, Audrey Gagnaire s’est fait connaître grâce à son compte Instagram Tejpartexto qui comptabilise aujourd’hui plus de 221k d’abonnés, dont de nombreuses célébrités comme @jeromeniel@justinegallice, @coucoulesgirls ou encore @gadelmaleh.

Cette jeune femme originaire de Besançon et diplômée du Celsa (École des hautes études en sciences de l’information et de la communication) est aujourd’hui salariée dans une agence de communication mais également instagrameuse et auteure.

L’ouverture du compte après un énième message désobligeant

@audreygagnaire sur Instagram / © Photo Instagram

Audrey Gagnaire ouvre le compte Instagram Tej par texto en janvier 2019. « Un jour j’ai reçu un énième message un peu désobligeant d’un garçon et je me suis rendu compte qu’on se torturait beaucoup l’esprit avec tous ces échanges numériques. Je me suis dit que si je me retrouvais dans des situations de souffrance face à mon téléphone, je ne devais pas être la seule. À partir de là, j’ai voulu ouvrir la discussion sur cette thématique de notre société actuelle », raconte-t-elle.

Lors d’une nuit d’insomnie et grâce à cette relation qui n’a pas duré longtemps, mais dont la fin par un SMS l’a marqué, elle va inventer l’expression Tej par texto. Après la création du compte et la publication des déboires amoureux de son entourage, s’en sont suivis des centaines de témoignages semblables à son expérience et à celles de ses amis.

« J’en ai parlé à mes copines parce que j’ai pris conscience du nombre de screen qu’on s’envoie, de temps que l’on passe à parler des messages reçus ou envoyés. Et finalement ça a pris tout de suite beaucoup d’ampleur lorsque j’ai créé le compte en 2019, c’était assez dingue. »

De nombreux messages de rupture

Sur son compte Instagram on peut donc trouver de nombreux messages de rupture, mais aussi des râteaux aussi rocambolesques les uns que les autres. Elle expose l’envers du décor des relations amoureuses dont le début et la fin s’écrivent de plus en plus derrière les écrans. Un point de vue sarcastique et même cynique. Mais elle prend surtout ça avec humour et relativise sur des histoires qui lui sont aussi arrivées.

« Je l’ai surnommé le SAV des cœurs cabossés parce que le but, c’est de se rendre compte qu’on n’est pas le seul dans cette situation. Quand on voit le nombre de captures d’écran et la violence des messages, je pense que ça peut faire relativiser et même nous amener à en rire ». En effet, le fait de partager son malheur permet de prendre du recul et de mieux s’en remettre.

La brutalité facilité derrière un écran

Audrey admet que la brutalité et la méchanceté des messages de rupture qu’on lui transmet sont sûrement dus à la facilité d’être plus dur par écran interposé plutôt qu’en vrai. « Les réseaux ont rendu les échanges beaucoup plus superficiels, mais aussi plus directs et crus. Tu ne vas pas t’adresser de la même manière à une personne qui est en face de toi ».

Des rencontres de plus en plus virtuelles

La drague digitale est devenue un moyen tout à fait banal de faire des rencontres pour beaucoup. Mais après avoir vu autant de Tejpartexto, Audrey reste persuadée que les rencontres en face à face sont à privilégier. « Je suis, ni pour ni contre la drague en ligne. Je pense que c’est seulement l’utilisation qui n’est pas bonne. Les applications de rencontre par exemple : c’est un concept super de faire se rencontrer des gens qui habitent dans la même rue, mais qui ne se seraient jamais remarqués. Mais il faudrait que tout le monde s’en serve avec politesse, respect et bienveillance ».

Des réseaux sociaux aux presses d’imprimerie

Il y a quelques mois son livre Tej par texto : l’art de la rupture 2.0 est paru. C’est depuis son plus jeune âge qu’Audrey Gagnaire est adepte de photographie et de littérature, elle a notamment rédigé à ses quinze ans un recueil de nouvelles. « C’est Mathilde, mon éditrice chez édition Leduc qui m’a dit qu’on pouvait lancer un projet autour du compte. Moi j’ai toujours aimé écrire depuis toute petite alors l’idée m’a beaucoup plu. »

« Tej par texto », le nouveau livre d’Audrey Gagnaire / © Photo DR

Elle essaye avec cet ouvrage de tourner en dérision les témoignages qu’elle reçoit. Ce livre de 160 pages regroupe les meilleurs ou les pires Tej par texto, le tout accompagné de sa propre analyse de la situation. Ce livre, considéré comme un guide de survie par certains et un service après-vente des cœurs brisés pour d’autres, intervient comme un soutien pour toutes ces cruelles déceptions amoureuses. 

« Dans ce livre, on retrouve les captures d’écrans de messages, comme sur le compte, mais je ne voulais pas que ce soit seulement ça. Je voulais y ajouter le ton humoristique et un peu cynique que j’aime un peu apporter sur le compte, mais en faire quelque chose de plus étiré dans les textes. Passer d’une légende Instagram à un petit texte. »

Elle a aussi collaboré avec plusieurs marques telle que la boutique Tealer qui avait proposé des vêtements à l’effigie de Tejpartexto à l’occasion de la Saint-Valentin.

L’application Happn a elle aussi voulu travailler avec la jeune femme lors d’une vidéo IGTV durant laquelle elle racontait les pires anecdotes de ses abonnés sur les applis de rencontres. Ainsi que la marque française de gourdes éco responsables Gobi, pour la collab’ la plus durable de 2020🌱

« Le fait d’avoir un projet personnel, c’est très important pour moi. J’ai du mal à m’investir à 200% quand c’est quelque chose qui ne me tient pas à cœur. Et là, c’est vraiment ma petite entreprise, je l’ai créée du début à la fin et ça m’apporte une notion d’accomplissement personnel qui est vraiment chouette. Ça m’a permis d’écrire un livre et de faire des collaborations, des co-créations avec des marques, ce qui est vraiment cool. En ce moment, je suis en discussion à propos d’un projet audiovisuel, je ne peux pas trop en parler encore, mais faire une série ou un film serait cool. »

En attendant la sortie d’un film ou d’une série, il est toujours possible de lire Tej par texto : l’art de la rupture 2.0 ou de suivre le compte Instagram !



Enolane Dubrez, Léna Feghoul et Alvin Badila-Milandou

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