Retranscription de l’interview
LL : Marie-Lou, Nicolas, vous êtes tous deux militants chez les jeunes avec Yannick Jadot, vous êtes respectivement lycéenne et étudiant en année de prépa. Quel est votre rôle au sein de ce mouvement ?
Marie-Lou : Je suis co-coordinatrice locale du groupe des jeunes écologiques de Franche-Comté. C’est le mouvement de jeunesse d’Europe Écologie Les Verts. Nous sommes en autonomie solidaire avec eux, donc on fait la campagne du candidat Yannick Jadot. Nous avons quand même notre propre mouvement et nos propres actions.
Nicolas : Au sein des jeunes écologistes de Besançon, je suis référent bienveillance locale. Mon rôle est de gérer le groupe, que tout se passe bien, qu’il y ait une bonne ambiance et que personne n’ait à subir de violences.
LL : Combien y a-t-il de membres des Jeunes avec Jadot dans le Doubs ou en Franche-Comté (ou à Besançon) ?
Nicolas : Besançon est un groupe local récent, nous l’avons créé en octobre et j’en fais partie depuis janvier. Nous sommes une petite quinzaine, voire vingtaine, je ne pourrais pas vous dire exactement. En tout cas, c’est en plein développement, nous avons de plus en plus de monde. L’ambiance y est bonne, tout se passe bien ! Nous sommes assez reconnus comme dynamique pour nos actions au sein des forums des jeunes écolos.
Marie-Lou : Comme l’a dit Nicolas, nous sommes une vingtaine d’adhérents et d’actifs dans le groupe local de Besançon, une petite quinzaine. Il y a beaucoup de nouvelles recrues avec les manifs pour le climat.
LL : Est-ce que vous connaissez le programme de Yannick Jadot par cœur ?
Marie-Lou : Non, pas par cœur ! Nous avons des études quand même à faire ! *rires*. En tout cas on essaye.
Nicolas : Nous essayons d’en connaître le plus possible et de se renseigner au maximum (surtout pour l’interview). Mais de base, nous connaissons pas mal le programme.
LL : En tant que jeune, c’est important pour vous de s’engager en politique, de s’engager derrière un candidat ?
Marie-Lou : À mon avis, c’est primordial et j’ai l’impression que la jeunesse est un petit peu endormie dans son confort et résignée à penser que rien ne pourra changer les choses. Alors qu’en fait, pour ma part, on m’a distribué un tract dans la rue pour les Jeunes Écologistes et je me souviens que quand on me l’a donné, j’ai dit « Oh, c’est super continuer ce que vous faites », puis j’ai envoyé un mail. C’est facile et ça donne tellement d’énergie. C’est quelque chose qui me rend vraiment heureuse au quotidien. Tous les jeunes devraient le faire, parce que je pense qu’on peut vraiment avoir des leviers d’actions concrets.
Nicolas : Je partage le même avis. Que ce soit en tractant ou auprès de mes amis, je voyais qu’il y avait un désintérêt pour la politique. Les gens se sentent oubliés, disent que leur avis ne compte pas, alors qu’au contraire leur avis compte et que c’est en faisant en sorte que tout le monde donne son avis qu’on arrivera à dynamiser notre démocratie.
LL : Pourquoi selon vous, Yannick Jadot est LE candidat à soutenir ? En quoi il se distingue des autres candidats ?
Marie-Lou : Pour moi, l’écologie, c’est juste la plus grande menace du siècle. C’est maintenant qu’il faut agir. 2027, ce sera trop tard. Là, nous avons jusqu’à 2030 pour vraiment faire des actions qui auront un impact. Alors pour moi c’est 2022 ou jamais ! Et Yannick Jadot, c’est le candidat qui porte l’écologie donc c’est pour cela que je le soutiens
Nicolas : Si je peux préciser, il y a une urgence sociale, démocratique, écologique et je pense que Yannick Jadot est le seul candidat qui porte le mieux ces trois enjeux.
LL : Yannick Jadot est à la 6ème place des intentions de vote, avec 7%. Loin derrière Emmanuel Macron (29%), Marine Le Pen (16%), Eric Zemmour (13%) ou encore Jean-Luc Mélenchon (12%). Est-ce que vous êtes tout de même confiants pour une victoire de Yannick Jadot ?
Nicolas : Nous avons aux municipales ou aux dernières européennes, qu’il y a pas mal d’endroits où nous n’attendions pas les écologistes, où ils étaient très bas dans les sondages. Cela partait plutôt mal, et finalement nous avons gagné dans un certain nombre de grandes communes et c’est une belle victoire.
Marie-Lou : Pour les européennes, les sondages annonçaient 6 % et finalement nous en avons fait 14 %. Donc nous avons vraiment de l’espoir que les choses évoluent et que l’élection ne soit pas jouée. Les sondeurs nous disent qu’il n’y a plus aucun moyen de déjouer les élections, mais en fait, personne n’a encore voté. Tout est possible !
LL : Que dire aux gens qui excluent Yannick Jadot et qui peuvent se dire que son programme est trop écologiste ?
Marie-Lou : Je l’ai déjà dit, mais pour moi l’écologie c’est vraiment la plus grande menace du siècle et je ne comprends pas que les gens ne se sentent pas concernés. C’est universel et c’est quasiment une des seules choses qui nous rassemble tous sur Terre. En plus, il y a vraiment un très grand axe du programme sur la justice sociale, donc à mon avis le programme de Yannick Jadot est très complet.
Nicolas : Je dirais que nous voyons beaucoup le pôle écologiste, il y a une image très développée d’une écologie qui serait punitive. On nous met sur le dos, les résultats de politique qui ne sont pas les nôtres. Nous voudrions aller plus loin, dans une logique de justice sociale. C’est très important et je pense qu’on ne voit pas assez ce côté justice sociale, qui est vraiment très présent chez nous. Pour nous l’écologie ne doit pas être punitive et au contraire, elle doit regrouper tout le monde et inclure tout le monde et ne pas creuser les inégalités, loin de là.
LL : Si vous deviez donner 3-4 mesures phares et les plus intéressantes de Yannick Jadot concernant les jeunes, vous donneriez lesquelles ?
Marie-Lou : La mesure phare du programme, c’est la mise en place d’un revenu citoyen pour éradiquer la grande pauvreté en France. Tous les citoyens de plus de 18 ans percevrait un montant de 918 €/mois, sans conditions.
Nicolas : Si l’on regarde du côté de l’université, il y a aussi des mesures phares, notamment dans la rénovation thermique des logements CROUS à grande échelle ainsi que le bio dans les cantines et dans les restaurants universitaires (RU). Il y aussi l’augmentation de 100 000 places dans les universités et le recrutement de 10 000 postes d’enseignants-chercheurs. Ça permettra une redynamisation de l’université publique sans augmentation des frais parce que cela joue aussi sur l’accès à l’Université.
Marie-Lou : Peut-être l’abolition de Parcoursup, parce que là c’est l’intelligence artificielle qui décide de notre avenir ! Et il y aussi l’abaissement du droit de vote à 16 ans.
LL : Vous pensez qu’à 16 ans on a la maturité de choisir pour qui l’on va voter ?
Nicolas : C’est un point de friction pour pas mal de personnes, même au sein du pôle écolo, notamment Julien Bayou, secrétaire de EELV, qui n’était pas porteur de l’idée. Après, plus il y a eu renseignements dessus, et plus cela fait sens. Avec ce droit de vote à 16 ans, il y aura un encadrement de ce droit de vote et cela pourrait augmenter la participation. Bien sûr, avec toute la garantie de la neutralité des lycées, que l’élection reste totalement libre. Cela permettrait à chaque jeune de pouvoir voter pour la première fois dans un cadre qu’ils connaissent, avec un certain nombre de renseignements et qu’ils ne soient pas seuls face aux médias et à l’information en général. Ce serait une véritable éducation civique, au vote.
Marie-Lou : Je pense qu’au lycée, on nous dit beaucoup que l’école publique cela sert à ce que l’on devienne des citoyens éclairés, mais en fait, cela peut devenir concret maintenant et qu’on nous aide à réfléchir, à avoir un regard critique sur les élections. Je pense qu’au contraire, avec cette réforme, les jeunes s’intéresseraient plus à la politique s’ils savaient qu’ils avaient un moyen d’agir. À mon avis c’est primordial.
LL : Comme Éric Zemmour notamment, Yannick Jadot souhaite “doubler les capacités d’accueil des universités de médecine” en supprimant le numerus clausus pour lutter contre les déserts médicaux. Vous pensez vraiment que c’est uniquement parce qu’on ne forme pas assez de médecin que les campagnes sont délaissées ?
Nicolas : L’abolition du numerus clausus et donc le doublement des places, forcément cela aura un impact mais cela aura un impact dans dix ans. C’est pour cela qu’il est urgent de le faire maintenant Sur la question des campagnes, je pense que ce n’est pas le seul facteur. Cela pourrait être la question des nouveaux médecins qui pourraient être affectés d’abord dans les campagnes, avant de pouvoir dire exactement où ils iront. Il me semble que ces dernières années, si je ne dis pas de bêtises, il y a plus de médecins qui partent à la retraite chaque année que de nouveaux médecins qui sont formés. Un certain nombre de médecins travaillent bien plus loin que l’âge de la retraite, parce qu’ils savent très bien qu’il manque des places. Bien sûr que l’abolition du numerus clausus ne sera pas la seule solution pour redynamiser les campagnes
LL : Autre objectif : la généralisation du Pass’Sport à tous les jeunes jusqu’à 20 ans (c’est à dire qu’on donne chaque année 50€ aux jeunes qui peuvent déjà bénéficier de l’Allocation de rentrée scolaire, pour financer une inscription dans un club). Est-ce que ça ne mériterait pas d’être étendu aux jeunes, même au-delà ? 25 ans, par exemple ? Et à tous (pas seulement ceux qui bénéficient déjà de l’allocation de rentrée) ?
Marie-Lou : À mon avis c’est vraiment primordial et je suis complètement d’accord avec cet élargissement parce que le sport est vital et cela a été un peu délaissé ces dernières années. Et là c’est surtout pour les 18-20 ans, parce qu’il s’agit d’une période de développement.
LL : Pour le bac, cette fois-ci, Yannick Jadot souhaite revenir sur la réforme, mais pas forcément pour revenir aux anciennes filières, mais plutôt “en réfléchissant à l’intégration de nouvelles modalités d’évaluation”. Ce sera quoi exactement ?
Nicolas : A priori si on ne revient pas sur la réforme, ce serait déjà le fait de continuer les enseignements spécialisés. Il y a une grande marge de manœuvre au niveau des enseignements communs, au niveau du tronc commun, par exemple avoir plus de mathématiques. Je sais que certains candidats se sont penché sur cette idée, c’est également le cas de Yannick Jadot. Cela peut aussi être au sein de l’enseignement scientifique, de parler encore plus de ce qui est fait au niveau environnemental, que ce soit des enjeux, du réchauffement climatique, les leviers d’actions, etc. et bien sûr comme nous l’avons dit précédemment, l’abolition de Parcoursup.
LL : Pour terminer sur les mesures pour les jeunes, Yannick Jadot veut assurer à chaque lycéen une place dans “une des filières souhaitées à la rentrée. Par exemple : si l’on sort d’un baccalauréat scientifique avec 6 en SVT, 7 en physique, un tout petit 10 en maths, et que l’on demande médecine. Est-ce que ce n’est pas créer de faux espoirs et encombrer les universités pour des étudiants qui ne s’en sortiront pas ?
Marie-Lou : En soi, je pense qu’il faut faire confiance aux jeunes. S’ils veulent faire ça et qu’ils sont motivés, il faut leur laisser l’opportunité de la faire.
Nicolas : Pour reprendre votre exemple de médecine, il y a forcément un concours de médecine, même avec l’abolition du numerus clausus, il y aura toujours une sélectivité. Le but c’est de ne plus avoir un nombre spécifique mais un niveau de sélection. Par contre, par exemple, même avec ces notes, vous pourriez totalement être pris en première année puis passer le concours. Là c’est donner toutes ses chances à chaque jeune.
LL: Concernant les mesures du programme d’ordre plus général. On vous demande désormais de décrire le plus fidèlement possible le programme de Yannick Jadot en donnant les 3 ou 4 promesses fondatrices de son programme. Lesquelles vous citeriez ?
Marie-Lou : Je pense qu’il y a une grande partie sur le nucléaire. L’objectif c’est de sortir du nucléaire, d’ici 15 à 20 ans donc on arrête d’en reconstruire et on investit dans les énergies renouvelables parce que c’est l’avenir. Je ne comprends pas les candidats comme Éric Zemmour qui prône le nucléaire parce que ce serait l’énergie la plus décarbonée, parce que c’est vraiment un désastre et qu’il faut absolument en sortir. Mais bien sûr, ce serait utopique de vouloir en sortir instantanément, c’est pour cela qu’on propose une sortie progressive.
Nicolas : Le revenu citoyen dans l’optique d’une justice sociale. C’est également une mesure phare parce que cela permettrait à chacun de vivre décemment. Sur la même ligne, il y a aussi l’augmentation du SMIC, pour contrer d’une part, l’inflation et de l’autre de permettre encore une fois à chacun de vivre plus décemment. Sur la question des financements, nous voyons depuis un certain nombre d’années, un certain nombre de grandes sociétés ont fait des bénéfices énormes, même pendant la crise du Covid. De fait, on sait où va l’argent. Quand il y a de la croissance et qu’elle ne va pas directement aux gens, c’est à l’état de prendre en charge ces surplus pour faire en sorte que cela n’accroisse pas les inégalités entre les personnes. Sur la question européenne, nous sommes pour une intégration beaucoup plus forte, nous allons jusqu’à parler de fédération européenne je crois.
Marie-Lou : Il y aussi l’interdiction de l’élevage industriel et des élevages en cage. Il y aussi la mise en place d’un ISF (Impôt sur la Fortune) climatique pour taxer les plus riches en fonction de l’ampleur de leur impact environnemental. Aussi, il y a la création d’un accord de Paris plus contraignant juridiquement, qui va vraiment forcer les pays volontaires à respecter leurs engagements.
LL : Selon vous, quelle est la promesse la moins pertinente de Yannick Jadot, celle qu’il faudrait revoir ?
Nicolas : Nous pourrions parler du nucléaire, même si ce n’est pas réaliste de prendre la date de 2045 pour permettre justement d’atteindre le 100% renouvelable dans de bonnes conditions sans contraindre personne. D’un point de vue plus personnel j’aurais aimé qu’on aille plus vite, mais le pragmatisme nous raisonne.
LL : Même question qu’avec Alexis Poyard, militant pour Jean-Luc Mélenchon, puisque Yannick Jadot veut aussi légaliser le cannabis. Quel est l’intérêt ?
Nicolas : La légalisation du cannabis cela a des effets sécuritaires, mais c’est une vraie question. La police et la gendarmerie passent actuellement énormément de temps à verbaliser les personnes qui consomment et qui vendent. Cela permettrait non seulement de contrôler ces réseaux, la criminalité et de libérer la police, mais aussi sur des enjeux de santé. Ainsi, nous pourrions mettre au clair ce qu’il y a dans les produits. Sur l’encadrement aussi, l’état pourrait encadrer cette consommation, ce qui entrainerait des recettes et de financer la lutte contre le grand banditisme ou les drogues dures – qui elles ne seront pas légalisées.
LL Yannick Jadot alerte sur le modèle économique des GAFAM qui ont construit leur richesse sur l’exploitation de nos données personnelles. C’est bien triste, en effet, mais sans ça, comment voulez-vous qu’ils finissent les plateformes, qui sont toutes gratuites ? Est-ce que vous seriez prêt à payer, vous, pour utiliser Facebook, Twitter ou Instagram et protéger vos données personnelles ?
Les engagements phares de Yannick Jadot
Études / pour les jeunes
- Un revenu citoyen versé automatiquement à partir de 18 ans de 918 € mensuels
- Recrutement de 65 000 enseignants et revalorisation des salaires
- Remplacer Parcoursup « par un système transparent »
- Confier l’élaboration des programmes scolaires à une autorité indépendante
Politique
- Reconnaître le crime d’« écocide »
- Élire le président pour sept ans
- Autoriser le droit de vote à 16 ans
- Mettre en place un référendum d’initiative citoyenne
- Légalisation du cannabis, dont la production et la vente sera encadrée par l’État
- Budget dédié aux droits des femmes multiplié par 5 et celui dédié à la lutte contre les violences porté à 1 milliard d’euros
Santé
- Hôpital public : reprise de la dette, augmentation du nombre de lits, recrutement de 100.000 infirmiers en trois ans, salaires des personnels soignants revalorisés de 10 %
- Contraintes d’installations pour les médecins libéraux
Social
- Le SMIC à 1 500 euros net par mois
- Construire 700 000 logements sociaux en cinq ans
- Ouverture de 200 000 places de crèche ou auprès d’assistantes maternelles
- Ne pas reporter l’âge légal de départ à la retraite
- Allocations familiales dès le premier enfant
Sécurité
- Remplacer l’IGPN et l’IGGN par un « organisme indépendant »
- Créer une police de l’environnement
- Renforcer la présence des services publics
- Renforcer les coopérations entre les services de renseignements et faire évoluer la police et la justice « antiterroristes »