Un salon d’origine régionale
Le SIA actuel est basé, à l’origine, sur le modèle des comices de cantons. Ceux-ci encore répandus dans certaines régions sont des concours agricoles où sont remis des prix pour les meilleur.e.s exploitant.e.s et leurs bêtes (bovin dans la plupart des comices). Le salon apparaît sous sa forme actuelle en 1964. Organisé par le centre national des expositions et concours agricoles (CENECA), il se tient chaque année à Paris, vers la porte de Versailles. Accueillant rarement moins de 500 000 visiteurs, et régulièrement plus de 600 000, c’est une véritable fête de l’agriculture qui permet à une part de la population, urbaine ou non, de rencontrer des producteurs de régions, d’Ile-de-France et pour une petite partie d’entre eux (3%), de l’étranger. Chaque branche de l’agriculture et de la production artisanale est représentée : élevages bovins, ovins, ou de volailles, production vinicoles, productions bouchères…
Un spectacle politique pour le gouvernement et les oppositions
Vous n’aurez pas manqué, je pense, la présence chahutée de notre président, ou encore la visite arrosée de Marion Maréchal-Lepen. Derrière ces anecdotes médiatiques se cache une véritable utilisation politique du SIA. En effet, la Salon permet aux politiques, plus ou moins démagogues et honnêtes, de venir se confronter au monde agricole, si cher aux yeux du peuple français. Elections européennes obligent, cette année fut particulièrement riche en mises en scène médiatiques et autres bains de foule politique.
D’abord, la présence longue du président Macron lors de la première journée. Après un chahut certain lors de son entrée (envoi de CRS pour répondre à une colère des syndicats paysans), ce dernier s’est exercé à un jeu de questions-réponses avec les membres de différents syndicats agricoles (FNSEA, JA…). Chemise blanche relevée, mesures fortes et affichée certaines, le président a répondu à l’ensemble des questions qui lui ont été posées (exceptée celle questionnant la légitimité du ministre de l’Agriculture). Fustigeant l’opposition, et réclamant l’entente entre toutes les parties investies dans la crise, Emmanuel Macron tente de récupérer le fiasco du Grand Débat annulé. En s’affichant ainsi, le président se montre proche du peuple, et, tutoyant les interrogateurs, veut prouver sa volonté d’aider le secteur agricole en crise.
Du côté du RN, représenté par le président du parti, l’apparition fut plus calme que celle du président. En effet, Jordan Bardella a répondu avec assurance aux accusations de récupération politique lancées par la majorité.
Des contradictions au salon ?
Régulièrement pointés du doigts comme responsables de la crise agricole, les industriels de l’agro-alimentaire sont présents avec leur stand au salon de l’agriculture. La présence de géants français tels que Lactalis ou Danone questionne les agriculteurs qui leur reprochent de ne pas leur verser suffisamment de revenus, et de leur imposer des prix trop bas. Cependant, les industriels se défendent en clamant leur part dans le marché de l’emploi agricole (60 000 emplois directs et indirects pour Danone) comme légitimité de participation au Salon. De plus, les industriels présentent leur présence comme la double occasion de faire découvrir les produits des agriculteurs aux français, et de discuter directement avec les producteurs agricoles.
En conclusion, le Salon International de l’Agriculture est un lieu véritablement politique, où moult messages sont passés via des mises en scènes. Mais malgré les messages politiques à déchiffrer, il s’agit de reconnaître l’événement comme une occasion de mettre l’agriculture française à hauteur du peuple.