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Politique & société

Grève des livreurs Deliveroo à Besançon

Ce samedi, les livreurs Deliveroo ont manifesté dans les rues bisontines pour protester contre une baisse de leurs conditions salariales.


Dorian Curtil
Le 23 novembre 2020 à 22h05

Samedi 14 novembre, les livreurs Deliveroo ont déposé toute la journée leur sac isotherme sur la place Pasteur en face du Quick. Cette action de protestation contre l’enseigne britannique de livraison à domicile à pour but de lutter contre la baisse de tarification à laquelle font face les livreurs, aucune commande n’a été livrée durant cette journée.

Cela fait en effet plus d’un an (pour les livreurs les plus anciens) qu’une nette baisse baisse du prix des livraisons à été observée. Certaines sont presque payées moitié moins cher qu’avant. Tandis que la livraison à domicile avait fortement aidé les commerces durant le premier confinement, la situation s’est dégradée par la suite. En effet, le prix d’une livraison était calculé par rapport au trajet à effectuer jusqu’au restaurant puis jusqu’à l’adresse du client. Cependant Deliveroo ont changé leur mode de fonctionnement, ne payant plus les livreurs pour leur course jusqu’au restaurant. En contrepartie, l’application propose des primes sur des créneaux de une à deux heures les soirs d’affluence ou lorsque les conditions météorologiques sont défavorables. Malheureusement, de nombreux coursiers ont remarqué que malgré l’ajout de primes, certaines livraisons restent moins bien payées, un livreur nous dit même : «  J’avais l’habitude de livrer dans un secteur que j’appréciais particulièrement et la livraison était payée environ sept euros. Dorénavant pour la même course, je suis toujours payé sept euros alors qu’il y a soit disant deux euros de bonus en prime ».

« Plus de livreurs, moins de commandes. En plus, quand on en a, elles sont mal payées »

Des négociations ont alors été ouvertes cette semaine depuis la grève entre les représentants élus des livreurs et le site. Celui-ci affirme ne pas avoir connaissance d’une baisse de la tarification et explique ce problème comme « un bug dans l’algorithme de l’application ». Les coursiers sont alors chargés de faire des captures d’écran lorsqu’il reçoivent des commandes jugées mal payées afin qu’elles soient étudiées par Deliveroo. L’entreprise rassure en disant que les choses vont changer et que les négociations restent bien évidemment ouvertes. En attendant, il est possible que d’autres mouvements de grève continuent comme cette semaine à Nantes où à Lille.

La grève a duré jusqu’à tard le soir / © Photo Dorian Curtil

Jordan, 25 ans, livreur Deliveroo

Il exerce le métier de livreur depuis un an et demi, en parallèle de son activité de surveillant en internat, dans le but de préparer son projet professionnel : devenir gendarme.

Depuis quand observes-tu une baisse des revenus sur tes courses ?

« Depuis que je suis arrivé sur la plateforme il y a un an et demi, j’ai remarqué que le prix des courses a commencé à baisser depuis le début de l’année. Ensuite, les prix ont sans cesse varié. Et depuis le déconfinement en mai, les prix ont chuté, passant de 4€ pour une course proche à 2€70. »

Quelle est l’ambiance au sein de l’équipe de livreurs ? Est-ce que l’arrivée des nouveaux coursiers vous poussent à la concurrence ou à écarter les nouveaux venus ?

« Même s’il y a un peu de concurrence, dans l’ensemble, on est comme une grande famille. On communique ensemble sur les réseaux, on se retrouve régulièrement à certains endroits de la ville… Et même en dehors du travail il nous arrive d’organiser des soirées etc. J’ai créé des grands liens d’amitié avec certains livreurs. Quant aux nouveaux venus, il y a toujours quelques anciens qui les soutiennent pour les intégrer et les aider dans certaines démarches. »

Envisagez-vous d’organiser d’autres manifestations ?

« En effet oui c’est prévu. Il n’y a pas de date connue encore mais quelques livreurs de chaque ville se regroupent pour discuter d’un prochain mouvement. Nous envisageons de créer une manifestation nationale regroupant l’ensemble des livreurs de Deliveroo et Uber Eats. »

Sais-tu si certains livreurs envisagent déjà de changer d’activité en vue de la situation ?

« Oui, certains parlent de changer d’activité. C’est compliqué pour les personnes qui n’ont que cet emploi de continuer à travailler de manière instable, surtout quand tu as une famille à nourrir, des enfants etc. »

Qu’attendez-vous des clients et des autres personnes ?

« L’idée n’est pas d’encourager les clients à boycotter la plateforme, car nous serions les premiers touchés en cas de manque de demande, mais plutôt de se rebeller contre les offres qu’ils proposent aux clients. Deliveroo et Uber Eats sont bien connus pour faire de la communication, ils dépensent beaucoup d’argent pour se faire voir et attirer des clients, mais ils feraient mieux de donner plus d’argent aux salariés qui travaillent pour eux. L’idéal, ce serait qu’on nous donne du soutien dans les manifestations, et de la reconnaissance, juste en étant courtois (ce qui n’est pas le cas de tout le monde) ou encore de nous offrir un petit pourboire. »

Des livreurs à Rennes ont créé leur propre plateforme de livraison au sein de la ville (« les coursiers rennais »). Pourquoi pas à Besançon ?

« L’initiative est intéressante, mais il faut voir si les conditions des livreurs sont améliorées. A Besançon, le même principe peut se mettre en place mais cela demande beaucoup d’organisation et de travail. Mais je ne serais pas étonné si on observe des plateformes locales apparaître dans plusieurs villes de France. Après, il est difficile de rivaliser avec des plateformes douées en communication. »

Tu m’as parlé d’un collectif que vous avez créé…

« Oui, avec l’aide d’une collègue j’ai créé un collectif nommé Cobra qui rassemble la cause des livreurs de Besançon. On dénonce ce qu’il se passe pour nous et on raconte notre quotidien. Parce qu’il ne s’arrête pas qu’au livraison : une amitié et une famille existe aussi entre nous. Même si je n’exercerai pas cette activité tout ma vie, c’est quelque chose qui me tient beaucoup à cœur. »

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Dorian Curtil

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