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Politique & société

Boycott de la coupe du monde de foot au Qatar : à Besançon, certains élus appellent à diffuser des contre-matchs

La coupe du monde de football 2022 au Qatar est sans doute l'un des évènements le plus critiqué et boycotté de cette décennie. Désastre écologique, atteinte aux droits humains, propre à chacun de se forger son opinion. Ce qui est certain, c'est que la ville de Besançon a tranché : les matchs incluant la France ne seront pas diffusés sur écran géant, comme le veut la coutume. Les élus de la majorité invitent même à diffuser des contre-matchs. Retour sur cette question qui fait débat.


Charlotte Trivès, Ambroise Kouassi, Hugo Petitjean et Marie-Lou Mercier
Le 22 novembre 2022 à 7h33

La Coupe du monde au Qatar fait l’actualité. Pour beaucoup, le désastre écologique et l’atteinte aux droits des Hommes dont est accusé le Qatar ont conduit à boycotter l’évènement sportif. Sur le sujet, la ville de Besançon a pris position. Tout comme les villes de Paris, Marseille, Bordeaux, Annecy ou encore Strasbourg, Besançon ne diffusera pas sur écran géant les matchs de la Coupe 2022 au Qatar.

Un boycott « de bon sens » et « responsable » pour la ville de Besançon

Habituellement, à chaque coupe du monde, la ville de Besançon diffuse les matchs joués par la France, notamment en quart de finale, demi-finale ou en finale. Les écrans géants sont installés au stade Léo Lagrange et tous les amateurs de foot sont invités à venir y passer un bon moment. Ce ne sera pas le cas cette année : la décision de boycotter cette coupe du monde a été prise au début du mois d’octobre.

Pour Nathan Sourisseau, conseiller municipal délégué à la jeunesse et élu de la majorité EELV, ce choix était indispensable. « Avec l’ensemble de la municipalité, nous avons fait ce choix qui nous semblait le plus responsable, puisqu’on est sur une coupe du monde un peu particulière », explique-t-il. « La plupart des grandes villes ont fait ce choix, qui nous paraissait une forme de bon sens. Une ville comme Besançon ne peut cautionner ce qui se passe au Qatar ».

Nathan Sourisseau, élu EELV à la ville de Besançon -© La Loop

Un désastre écologique

En effet, le Qatar se compose principalement d’un grand désert aride, site reconnu et protégé par l’Unesco. Pourtant, c’est bien ce pays qui a été choisi pour cette coupe du monde, entrainant la construction de villes entières et de stades climatisés, pour certains éphémères, à ciel ouvert.

« Le Qatar est un pays extrêmement chaud. Il y fait en ce moment environ 35°C, ce qui impose au Qatar de climatiser sept des huit stades utilisés. Et par ailleurs, on constate que le Qatar, par sa taille, n’est pas capable de loger l’ensemble des équipes et des supporters au sein de leur pays. Du coup, le pays a mis en place des milliers d’avions par jour pour pouvoir faire la navette entre les pays limitrophes. En terme d’impact climatique, c’est une catastrophe ! », s’alarme l’élu écologiste.

Parallèlement, le pays dont le jour du dépassement (le jour où un pays a consommé toutes les ressources que la Terre pouvait offrir en un an) a été atteint à peine deux mois après avoir débuté l’année.

Un bilan humain glaçant

6500. C’est le nombre de travailleurs migrants ayant perdu la vie sur les chantiers de construction des stades de la Coupe du monde 2022. Ces travailleurs précaires auraient travaillé dans des conditions de chaleurs insoutenables et d’insécurité occasionnant des chutes mortelles.

Le Qatar, pour moi, a fait travailler des gens sous le statut d’esclaves

Nathan Sourisseau, conseiller municipal délégué à la jeunesse

« Le Qatar est un pays très petit qui, pour construire ses stades, a dû mobiliser un grand nombre de travailleurs étrangers et de travailleurs qui relèvent, pour moi, du statut d’esclave », lance Nathan Sourisseau. « Ils n’ont pas été payés, alors qu’ils étaient souvent venus de pays pauvres de la planète pour gagner un peu d’argent ».

De faux supporters et un risque pour le public LGBTQIA+

Alors que cette Coupe du monde au Qatar a débuté hier, une nouvelle polémique surgit concernant les supporters. La majeure partie d’entre eux seraient des supporters indiens et pakistanais qui auraient été payés pour jouer les faux supporters. Parmi les vidéos apparues sur les réseaux, certaines plus cocasses mettent en scène un groupe de supporters supposés être Français. Problème : parmi eux, des drapeaux des Pays-Bas défilent. Erreur d’aiguillage ou vulgaire manipulation ?

En ce qui concerne les équipes, on a constaté un élan de solidarité émanant en vers notamment la communauté LGBTQI+. Pour rappel, l’homosexualité est considérée comme illégale au Qatar. Mais à l’approche du début des matchs, les équipes sont censurées et ne peuvent faire plus qu’elles ne l’ont déjà fait. L’Allemagne a par exemple fait peindre le slogan « Diversity wins » (La diversité gagne), sur le fuselage d’un avion qui a atterri au Qatar en ce début de Coupe du Monde. Des brassards, des maillots, des drapeaux ont été pensés, mais sur place, rien d’explicite ne sera toléré.

Un appel à ne pas regarder la coupe et à préférer les contre-matchs

Ne regardez pas les matchs officiels et organisez des soirées chez vous en parallèle !

Nathan Sourisseau, élu EELV à Besançon

« Moi, à titre personnel, même si j’aime le foot et le sport, je ne regarderai pas les matchs de cette coupe du monde », confie Nathan Sourisseau, qui encourage les Bisontins à diffuser des contre-matchs. « Organisez des soirées chez vous en parallèle des matchs officiels ! Diffusez d’anciens matchs pour revivre de bons moments sans rentrer dans cette dynamique de la coupe du monde au Qatar qui est déplorable ».

Un boycott inenvisageable pour certains fans de foot

Mais dans les rangs des amateurs de foot, la question du boycott n’est pas aussi simple. Pour Yanis et Ilian, tous deux élèves de terminale en section foot au lycée Pasteur de Besançon, le boycott n’est même pas envisageable : la Coupe du Monde est un évènement si crucial pour les passionnés qu’il leur serait impossible de le manquer.

Il aurait fallu réagir au moment où le Qatar a été désigné

Ilian, lycéen en section foot au lycée Pasteur de Besançon

Néanmoins, ils admettent que l’attribution de la coupe du monde à ce pays n’était sûrement pas la plus adéquate. « C’est assez ridicule d’avoir choisi le Qatar », reconnait Ilian. « Ils n’étaient pas prêts, ils ont dû créer des infrastructures exprès… Je suis conscient que ce n’était pas le pays le plus approprié pour accueillir la Coupe du Monde, mais maintenant, ça ne sert plus à rien de revenir en arrière. Il aurait fallu réagir au moment où le Qatar a été désigné », estime-t-il. Yanis est du même avis au sujet des appels au boycott : « La cause est noble, mais sachant que la nomination date d’il y a 8 ans, je pense que la réaction politico-médiatique arrive un peu tard ».

Une certaine prise de conscience des enjeux est donc perceptible, même chez les fans de foot. Toutefois, l’exaltation face à l’évènement festif demeure primordiaux.

Séparer la politique du sport ?

De son côté, Emmanuel Macron sera bel et bien présent au Qatar si la France arrive en demi-finale. « Le président de la République a réagi par rapport à cette coupe de monde en disant, en gros, qu’il faut distinguer le sport et la politique. Moi, je ne suis pas d’accord. Tout évènement sportif d’ampleur est politique ! Et même si le sport est un moment de cohésion extrêmement fort, on ne peut pas cautionner mettre de côté l’aspect humain et climatique », tacle Nathan Sourisseau.

La ville de Dijon, elle, a fait le choix de maintenir la diffusion de ces matchs. Une pure « irresponsabilité » et une action de « communication politique », pour l’élu à la jeunesse de Besançon.



Charlotte Trivès, Ambroise Kouassi, Hugo Petitjean et Marie-Lou Mercier

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