1 : Nouvelle ère pour Tyler, the Creator
Comme d’habitude Tyler Okonma de son vrai nom amène un nouvel alter ego pour raconter son album avec Saint-Chroma. Les changements surviennent d’abord dans le style musical, finit avec la pop ou le jazz qu’on retrouvait majoritairement dans ses trois derniers disques, ici on retrouve un album Hip-hop comme a ses débuts, à voir s’il revient sur une voie de rappeur ou s’il retournera à la pop dès le prochain. Évidemment tout est produit par Tyler qui se permet notamment de sampler du rock zambien sur Noid. Parmi le style des musiques l’artiste joue avec brio les genres, soul/R&B, jazz, gospel ou rock ornant des rythmes rap/trap sur cet album plus dense que son précédent. Il y a des sons très introspectifs (Hey Jane, Judge Judy) ce qui est assez peu commun pour lui, même s’il y a toujours évidemment des musiques plus chantées. Le rappeur casse les codes en sortant son album un lundi mais casse aussi ses propres traditions en ne mettant pas un double son sur la track 10, ce qu’il faisait systématiquement depuis son album cherry bomb en 2015. L’album est un vent frais dans sa carrière qui divisera certains mais unifiera ses fans.
2 : L’opposition avec Igor. Igor, album paru en 2020 et succès exceptionnel pour Tyler qui se livre fortement, même si comme toujours, l’utilisation de personnage rend le propos plus nuancé. Parle-t-il de lui-même, raconte-t-il simplement une histoire ou est ce qu’il utilise Igor pour se découvrir. Igor a pour thème un amour passionnel le poussant à suivre frénétiquement l’élu de son cœur.
L’album vient presque en parfaite contradiction avec son nouvel album que ce soit en termes de couleur (Le vert et le rose s’oppose) mais aussi dans les thèmes, ici plusieurs fois Tyler à la sensation d’être stalké, comme si les rôles s’étaient échangés. On peut s’imaginer par exemple que le personnage de Igor soit celui qui suive le personnage ici de Saint-Chroma, ce qui rend Tyler paranoïde comme il l’explique dans la chanson « NOID ».
3 ; Les thématiques de l’album
Dans son album, Tyler aborde des thèmes complexes et contrastés, explorant à la fois la parentalité et les relations éphémères avec une honnêteté poignante. Dans des morceaux comme “Hey Jane”, il évoque les dilemmes liés à une grossesse inattendue, mettant en lumière le conflit entre l’amour et les décisions difficiles. De même, dans “Darling, I”, il critique l’engagement et la monogamie, expliquant à plusieurs reprises qu’il a besoin de cette polygamie puisque sans ça il s’ennuierait. Cette bipolarité, tant musicale que thématique, reflète ses luttes internes et son auto-analyse, notamment dans “Take Your Mask Off”. La présence de sa mère tout au long de l’album et la mention de son père absent ajoutent une profondeur émotive à son récit, Notamment dans « Like Him » ou Tyler demande à sa mère s’il ressemble à son père qu’il n’a jamais connu. Tyler réussit à capturer une palette d’émotions qui le rend à la fois vulnérable et accessible, créant une connexion authentique avec son auditoire.
Finalement Chromakopia est un album réussi et rafraichissant pour Tyler, The Creator. L’album est touchant dans ses thématiques et nous fait découvrir une nouvelle facette du rappeur. L’artiste sera d’ailleurs en concert en France à l’Accor Arena de Bercy le 27 et 28 avril 2025.