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Culture et loisirs

Théâtre Villon de Vesoul : enquête sur un marché pirate du darknet

Le premier marché noir du darknet s'est invité dimanche 2 avril au Théâtre Villon de Vesoul afin de raconter l'histoire de sa création et de sa chute à travers un seul en scène incarné par Léonard Matton.


Laurine Bercot
Le 6 avril 2023 à 18h10

Ce dimanche 2 avril a eu lieu un seul-en-scène au Théâtre Villon de Vesoul. Il s’agissait d’une représentation théâtrale jouée par un seul comédien sur scène, Léonard Matton, auteur, comédien et metteur en scène de la pièce. C’est une création récente puisque le spectacle a été monté pour la première fois le 22 novembre dernier sur la scène conventionnée Art en Territoire de Nevers. Le spectacle est également originaire de Franche-Comté, à Morteau, il y a deux ans de cela, lors des journées Affluences du théâtre de Céline Chatelain.

Une histoire tirée de faits réels

H.P.N.S. : marché pirate sur le darknet est une pièce tirée de faits réels. Léonard Matton s’est inspiré de la création du premier marché noir du darknet. Nous suivons le personnage de Daniel, seul sur scène qui va se lancer dans la création d’une plateforme « où l’on peut vendre ce qu’on veut et acheter ce qu’on désire » explique ce dernier à sa petite amie dans la pièce. Il va lancer La route des épices, le premier marché du darknet où il vendra essentiellement de la drogue en utilisant les bitcoins existants depuis peu.

Tor : un accès facile et anonyme au darknet

L’histoire survient après la grande crise économique et sociale de 2010. Cette crise, commencée en 2008, atteint son apogée lorsque les déficits passent de 0.7% à 6.38% dans la zone euro, selon le site du ministère de l’Économie des Finances.

Parallèlement à cette crise économique, deux éléments naissent : le bitcoin et la plateforme Tor, que l’on retrouvera tous deux dans la pièce. Tor, c’est l’endroit où sera créée La route des épices, plateforme que l’on pourrait juger similaire à internet, que nous utilisons tous les jours, à quelques différences près. Au départ, le logiciel Tor avait pour but d’éviter l’espionnage dont nous sommes parfois victimes sur Internet. Or, il permet aussi d’accéder au darknet, lieu où se dérouleront les échanges principaux de l’histoire de Léonard Matton.

La folie du darknet

Pour comprendre le darknet, il faut comprendre que l’Internet peut se diviser en trois catégories distinctes : le deep web (lieu où sont sécurisées les données et les fichiers les plus lourds, les plus importants), le dark web (lieu où nous pouvons trouver beaucoup de contenu illégal : pornographie, substances illicites et crimes) et le web que nous utilisons tous les jours et que nous connaissons.

La politique des pirates

Le mot « pirate » dans le titre du spectacle nous renvoie l’image des bateaux pirates et l’on pourrait se demander s’il y a un lien avec ces pirates ancrés dans notre imaginaire. L’investissement de la justice dans cette affaire n’est pas un élément secondaire placé en arrière-plan de l’histoire : celle-ci prendra une place importante avec l’avancement de l’enquête dans le but de démasquer l’organisateur de ce marché noir.

Léonard Matton explique aussi qu’il a été notamment motivé à raconter cette histoire car certaines thématiques demeurent inchangées aujourd’hui. Il citera, par exemple, l’inflation des prix du marché ou encore les mouvements des gilets jaunes. Tous ces éléments ont participé à la crise économique de 2010 et par conséquent, à motiver certaines personnes à utiliser d’autres types d’achats, comme le bitcoin.

La technologie au théâtre

On pourrait naïvement croire que la technologie aurait davantage sa place dans des films que dans des pièces de théâtre. Or, ce n’est pas la première fois que celle-ci s’invite au théâtre. Dans ce spectacle, bien que la pièce rassemble plusieurs personnages, seul un comédien est présent sur scène. Le reste des personnages va interagir et donner la réplique au comédien par l’intermédiaire d’écrans et d’effets sonores. Léonard Matton confie que ce choix était douloureux mais plus logique par rapport à l’angle choisi pour la pièce.

C’est logique avec ce qui arrive au personnage : il vit une aventure de pirate derrière un écran, enfermé dans ses fantasmes d’un monde parfait.

Léonard Matton

Le comédien insiste sur le fait que pour avoir sa place au théâtre, la technologie doit tout de même avoir un lien avec le sujet abordé. Il faut « s’intéresser [à la technologie] et cela prend du temps » précise le comédien. On ne peut pas donc utiliser cet aspect de manière désuète et sans un objectif défini clairement en amont.

Un pirate sur scène et ses matelots dans l’ombre

Bien que Léonard Matton interprète le personnage seul sur scène avec une mise en scène et un texte signé de son nom, la pièce n’a pas été créée uniquement par lui. Plusieurs corps de métiers ont collaboré afin d’apporter chacun leur touche professionnelle. On retrouve sur la création d’autres comédiens et comédiennes, des créateurs vidéo et lumière, une costumière, un directeur de représentation, un assistant de mise en scène, des metteurs en scène, des créatrices de musique et de son.

Il me fallait ces talents pour avoir de multiples retours et pouvoir me constituer, de là où j’étais sur le plateau, la plus juste vision de ce que je voulais donner à voir au public.

Léonard Matton


Laurine Bercot

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