On pourrait dire qu’en cette période de pandémie, la culture est à l’arrêt. Certes bouleversés par l’arrivée du coronavirus, certains musiciens amateurs comme professionnels n’ont pas attendu un retour à une vie plus normale pour reprendre leur activité artistique.
« On se bouge plus que jamais ! »
Caroline de Fraville, chanteuse du groupe Min-Deed.
Le groupe Franc-Comtois Bigger a vu sa tournée en Belgique être plusieurs fois reportées. « On bosse à fond sur notre nouvel album en attendant » s’enthousiasme Kévin Twomey, le guitariste et chanteur. Mais là encore, une nouvelle difficulté apparaît. « On voulait enregistrer dans un studio à Manchester, mais avec les restrictions sanitaires, tout était compliqué » explique l’artiste. Les cinq musiciens se sont donc rendus à Dresde, en Allemagne. « On a fait des tests anti-Covid et beaucoup de papiers pour avoir le droit de voyager » se rappelle-t-il. Mais comme tout n’est que partie remise, l’enregistrement des voix s’est déroulé à Manchester peu de temps après.
Les quatre membres de Min-Deed, eux, avaient prévu de sortir leur EP de 5 titres au début de l’année 2020. « Dans la foulée, nous voulions le présenter sur scène pour le promouvoir », explique Caroline de Fraville, la chanteuse et auteure du groupe. L’arrivée du coronavirus en a décidé autrement. Plusieurs concerts ont été annulés, et une résidence à La Rodia a été maintes fois repoussées.
Ces Francs-Comtois ont profité de cette période sans concerts pour réaliser deux clips et se faire connaître sur les réseaux sociaux et dans les médias. Les musiciens ont aussi composé de nouveaux morceaux et réarranger d’anciennes musiques.
Dès la fin du premier confinement, l’artiste bisontin Sioul a aussi enregistré un nouvel EP. Composé de 4 titres, celui-ci est sorti en décembre 2020. Une session live du morceau « Our World Is Falling » a été tournée puis diffusée sur Internet en novembre dernier.
Le besoin de retourner sur scène
Sioul aime proposer ses nouvelles compositions au public et observer la réaction des spectateurs. « J’ai composé des morceaux différents de ce que je faisais avant. Les concerts me permettent de voir si le public accroche ou pas » précise ce jeune artiste de 20 ans. Il ajoute que ce qui lui manque le plus est « l’échange avec le public à la fin d’un concert ».
« On fait de la musique pour la partager, pour faire vivre des émotions au public. Faire des concerts est le but ultime. Aujourd’hui, ce qu’on fait est vraiment différent » déplore Caroline de Fraville, du groupe Min-Deed. Se produire sur scène permet aux artistes de se faire connaître. Aujourd’hui, les réseaux sociaux et le contact avec les médias sont les seuls moyens qui leur restent pour exister auprès du grand public.
« Les gens ont sûrement envie d’avoir de vraies sensations. C’est différent de découvrir un groupe en vrai plutôt que sur Instagram ! » lance Kévin Twomey, de Bigger. « Le public préférerait aller en festival dans des conditions normales, mais on sait que la situation ne sera pas normale pendant un moment. Si on a l’occasion de soutenir un artiste ou un évènement, il faut y aller » estime le chanteur irlandais.
Côté financier, les concerts sont une source de revenus importante pour les artistes. Aujourd’hui, les musiciens professionnels, ayant le statut d’intermittents du spectacle, ont droit aux aides les concernant. « On gagne moins qu’en temps normal, mais on arrive à vivre de ces aides » explique le chanteur de Bigger. Pour Sioul, encore étudiant à Besançon, les cachets reçus en concert lui permettent d’acheter du matériel. « À mon échelle, je reçois très peu d’argent avec le streaming. C’est difficile d’investir dans de l’équipement musical en ce moment » confie-t-il.