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Commerces et services

Nouvelle Biocoop au centre-ville de Besançon : peut-on manger bio sans se ruiner ?

À l'occasion de l'ouverture d'un nouveau magasin Biocoop au centre-ville de Besançon, La Loop est parti voir si manger bio est toujours synonyme de manger cher.


Hugo Petitjean
Le 15 octobre 2021 à 18h00

« Le bio, c’est bien, mais c’est trop cher ! » Qui n’a pas déjà entendu cette phrase qui reproche aux magasins bio d’être hors de prix ? À l’occasion de l’ouverture d’un nouveau magasin Biocoop au centre-ville de Besançon, La Loop est parti voir si manger bio est toujours synonyme de manger cher.

Légumes, pâtes, ratatouille, sauce tomate, chocolat, yaourts, fromage, ou encore céréales… Le nouveau magasin Biocoop installé depuis quelques jours rue des Granges à Besançon est bien achalandé. Mais à la différence d’un magasin classique, tout est bio.

« Le bio, c’est une agriculture sans pesticides, sans engrais de synthèse. Et sur le côté animal, il y a une limitation des traitements antibiotiques, qu’on ne peut pas donner en préventif. La définition du bio est la même pour tout le monde, puisqu’il y a un organisme national qui régit le label en France », explique Didier Maillotte, cogérant du nouveau magasin Biocoop.

Le réseau Biocoop : près de 700 magasins et 35 ans d’existence

Biocoop, est l’une des enseignes bio les plus connues, avec La Vie Claire et Naturalia. Il y a près de 700 Biocoop en France, et la coopérative est aujourd’hui gérée par l’ensemble des acteurs de la filière. « Dans l’équipe d’administration, on a des représentants de magasin, de producteurs, des associations de consommateurs et des salariés de l’entreprise », souligne le cogérant.

La particularité du réseau Biocoop, c’est la totale indépendance des boutiques. « On porte tous les valeurs du réseau Biocoop, avec des obligations et un respect d’engagement de la charte, avec des contrôles réguliers. La Biocoop nous accompagne, mais elle ne finance pas ». C’est-à-dire que chaque responsable de magasin doit financer lui-même la boutique qu’il souhaite ouvrir, fixer ses prix et gérer ses salariés. En pratique, Biocoop est donc plus une forme de label qu’une chaîne de magasins.

Biocoop, le bio et plus encore

Mais alors que le bio a le vent en poupe, le réseau Biocoop créé il y a 35 ans va plus loin avec un projet collectif, centré sur l’économie sociale et solidaire. Le but pour le consommateur : s’assurer que les produits vendus sont 100 % bios et commercialisés dans le respect des producteurs et des salariés Biocoop.

« Pour qu’un produit soit étiqueté bio, il faut que 95% des ingrédients soient bios. C’est-à-dire qu’il peut rester 5% qui ne sont pas en bio », précise Didier Maillotte. Et même si la production est bio, il est possible que l’entreprise utilise des travailleurs détachés ou rémunère mal ses employés.

« Nous, à Biocoop, on s’est donné un cahier des charges un cran au-dessus du bio puisqu’on veut que tout soit 100% bio, sauf ce qui ne peut pas être labellisé (l’eau, le sel, les produits issus de la mer, NDLR). On s’interdit d’aller chercher des produits à certains endroits quand on n’est pas sûrs. On pose beaucoup de questions aux producteurs, on demande la provenance de leurs produits, on leur rend visite ».

Le bio accessible, vraiment ?

Mais est-ce vraiment accessible à tous, côté tarifs ? Didier Maillotte le reconnaît, le réseau Biocoop est loin d’être le plus compétitif sur les prix. « On essaye de rendre le plus de produits accessibles. Mais on sait que les coûts sont quand même positionnés plus haut que sur du conventionnel parce qu’on n’est pas sur le même projet ». La principale justification apportée : l’importance d’offrir une rémunération juste à tous les acteurs de la filière. « On essaye d’être au plus juste dans notre politique de prix entre juste rémunération du producteur, accessibilité aux consommateurs et marge raisonnable ».

Finalement, après étude, on s’aperçoit effectivement que les produits Biocoop sont en moyenne 1,5 fois plus chers que les produits proposés en grande distribution.

Comparatif des prix pratiqués par trois enseignes / Hugo Petitjean

« Certains nous disent que le bio est plus cher. Mais qu’est-ce qu’on compare ? Si on prend un poulet qui a été élevé en batterie à 4,50 € le kilo, ça n’est pas la même chose qu’un poulet Label Rouge à 10-11 € le kilo, parce qu’on a des modes de production différents. En Biocoop, notre prix est plus proche du Label Rouge », estime Didier Maillotte.

« Les prix très bas sur l’alimentation sont liés à un modèle complètement épuisé. Pour avoir ces prix très bas, on a une agriculture hyper-subventionnée et des produits qui sont bourrés de pesticides et de produits néfastes à la santé »

Didier Maillotte

Selon lui, les produits trouvés en Biocoop sont plus chers, mais il se pose aussi une question de priorité. « Aujourd’hui, il y a des étudiants qui ne peuvent pas se payer de bio parce qu’on a une vraie précarité. Mais il faut aussi avoir en tête que depuis les années 60, les Français acceptent moins d’utiliser une part de leur budget importante à leur alimentation. Il faut qu’on réapprenne à s’alimenter, à cuisiner de manière saine, à prendre le temps ».

Une enseigne pour les étudiants ?

« Quand on est étudiants, on va vite se prendre un kebab ou un McDo »

Didier Maillotte, co-gérant du nouveau magasin Biocoop

Mais le prix est-il vraiment un frein ? Si l’on creuse plus loin, pour manger mieux, il est peut-être aussi nécessaire, pour certains, de revoir ses priorités financières. « La bouteille que certains étudiants achètent pour une soirée, ça prend aussi sur le budget. Mais c’est plutôt une priorité pour eux », constate Didier Maillotte, père de deux enfants de 20 et 24 ans et qui, de fait, entend la situation. Pour mieux manger, exit donc la bouteille de vodka et bonjour à la galette de lentilles !

« Il faut apprendre à cuisiner les choses : les gens disent que les graines, c’est pas bon. Mais ça peut être sympa si elles sont bien cuisinées ! », explique le co-gérant de la Biocoop.

Ce qu’il y a de sûr, c’est que les mentalités évoluent aujourd’hui. « Il y a 15 ans, on avait 0 étudiant en Biocoop. Aujourd’hui, on en a beaucoup plus ! Ils ne consomment pas forcément 100% bio, mais ils viennent acheter quelques produits, notamment en vrac. On a souvent des étudiants issus de familles qui consomment bio, accompagnés financièrement par la famille pour leur permettre de consommer bio, mais aussi un public végan ».

Les conseils de Didier Maillotte pour mieux manger

La Biocoop, on veut bien y venir, mais comment éviter de dépenser des fortunes ?

  • Diminuer la part carnée
    « Ça ne veut pas dire devenir végétarien : notre corps a besoin de protéines. Mais quand on mélange des légumineuses et des céréales, ça permet d’avoir cet apport de protéine pour beaucoup moins cher que la viande rouge. On peut notamment se faire des Dahl, avec des lentilles corail ou des lentilles vertes, et rajouter un peu de légumes, comme de la patate douce ou de la carotte. Avec un peu d’épices, c’est sympa ! »
  • Manger des fruits et des légumes
    « L’apport de vitamines, c’est ce qui est un peu plus compliqué parce que les fruits sont chers. Mais si vous avez un budget limité, se prendre un fruit deux ou trois fois par semaine, c’est déjà pas mal. Le riz et les pâtes qui calent, c’est bien. Mais il ne faut pas oublier l’apport de vitamines. C’est hyper important en termes d’équilibre ! »
  • Faire soi-même
    Il faut faire soi-même et prendre le temps de cuisiner. Beaucoup achètent du tout fait, alors que faire soi-même revient beaucoup moins cher. « Évitez la solution de facilité quand vous pouvez ! ».
  • Acheter du riz demi-complet plutôt que du riz blanc
    « Le riz complet, il faut le cuire longtemps et il est plus cher. Le riz blanc se cuit rapidement, mais il est beaucoup moins nourrissant. Le riz demi-complet, on en consomme moins, c’est meilleur pour l’organisme. » Et ça fonctionne pour les pâtes aussi !

Trois magasins sur Besançon

Depuis 15 ans, l’enseigne Biocoop est présente à Besançon. Didier Maillotte et sa compagne sont responsables de trois magasins sur le territoire bisontin : celui qui vient d’ouvrir Rue des Granges, celui de Châtillon-le-Duc et le premier magasin ouvert en 2007 à La Mouillère.

« L’idée de ce nouveau magasin, c’est la création d’emploi, un projet tourné autour des salariés, de l’accompagnement et du développement de la production nationale et locale »

Didier Maillotte

Après de longues recherches de locaux, les gérants sont fiers d’avoir pu s’installer en hypercentre, à place du magasin Celio. « On avait vraiment une forte demande pour l’hypercentre et depuis qu’on a démarré, tout le monde nous dit que c’est super qu’on soit là. Même les commerçants du centre-ville ! », se réjouit-il. Le nouveau magasin, étalé sur 205 m², emploie huit salariés. Des étudiants viennent souvent donner un coup de main en fin de semaine et pour les gros coups de midi. L’occasion de se faire un peu d’argent de poche… et manger mieux, pourquoi pas !



Hugo Petitjean

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