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Commerces et services

Commerçants de Besançon, touchés mais pas coulés

Ce mardi, le syndicat de l’UMIH (Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie) a réuni les soutiens aux commerces de bouches et professionnels de la nuit lors d'une manifestation à Besançon.


Orlane Lachat
Le 25 novembre 2020 à 10h00

Ce mardi, le syndicat de l’UMIH (Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie) a réuni, lors d’une manifestation, ceux qui soutiennent les cafés, bars, restaurants, discothèques, hôtels, traiteurs et commerçants en cette situation d’urgence sanitaire.

Un défilé poignant

Le départ se tenait à l’UMIH du Doubs (46 rue Villarceau), pour nous emmener devant les portes de la Préfecture du Doubs. La manifestation avait des aires de marche funèbre : tenue noire de rigueur, faux cercueil et squelettes brandis parmi les manifestants. Le message était clair : « Nous ne voulons pas mourir », c’est pourtant ce qui est déjà arrivé, et ce qui risque d’arriver encore si leur situation n’évolue pas. En effet, le président de l’UMIH et restaurateur à Morteau a réclamé une minute de silence en hommage à plusieurs collègues, ayant mis fin à leurs jours.

La Loop a rencontré différents gérants de bars et discothèques qui vous sont probablement familiers et ont hâte de vous retrouver. Antonin Borie, gérant du bar de nuit l’Antonnoir et président de l’association BBRBU (Bar, Boites Restos de Besac Unis) nous explique : « Il y a eu des annonces en notre faveur, mais on veut qu’elles soient vraiment honorées alors on est venu mettre un petit coup de pression. On a l’impression de se faire balader, on vient s’assurer que ça ne soit pas le cas ». 10 000 euros ont récemment été promis aux commerçants fermés à 100%.

Vidéo – La Grande Manifestation des commerçants bisontins

Le cortège n’a rien perdu de son énergie

« On est venu à Besançon aux côtés de nos amis cafetiers et restaurateurs pour revendiquer que nous ne sommes pas « non-essentiels » comme le dit le gouvernement, et crier au ras-le-bol » s’exprime Mustapha Alami, un des gérants du Cario Club de Mathay, dans le Pays de Montbéliard. Depuis le 14 mars, Mustapha et son épouse ont été contraints de fermer leur club. Ne percevant aucun salaire depuis, ils ne voient pas le bout du tunnel. Leurs intentions sont fermes : « On voudrait au moins des perspectives, savoir ce qu’ils vont faire de nous ! En tant que discothèque, on comprend bien que le gouvernement a préféré laisser les fêtes sauvages se tenir pendant les mois de juillet et août sans aucun contrôle. S’il s’était appuyé sur des professionnels comme nous, on aurait pu encadrer la fête et être un allié de l’Etat pour combattre la pandémie. » Le gérant témoigne de son souhait le plus cher, qui n’est autre que de pouvoir travailler et pas seulement bénéficier d’aides couvrant « à peine » ses charges fixes. « Monsieur Macron l’a dit, il va falloir vivre avec le virus, il est temps de passer aux actes, le discours a trop duré. »

Ça ne bouge pas beaucoup du côté de Montbéliard, alors on est venu ici aujourd’hui

Certains membres du collectif des discothèques en colère ont répondu présent, faute d’événements plus locaux. Le pays de Montbéliard ou encore Morteau étaient présents pour défendre leur cause au pied de la préfecture du Doubs.

Les solutions, comme les avis, divergent

Du côté de l’Ephéméride, place de la Révolution, on pouvait encore assister aux soirées organisées par Caroline et Sarha. « On avait encore la chance de pouvoir servir en terrasse, l’intérieur était seulement réservé aux organisateurs. C’était bien contrôlé donc on avait pu gérer, mais sans terrasse c’est impossible. » L’une des deux patronnes avoue qu’elle souhaiterait compter sur les aides de l’Etat pour rouvrir de façon plus sûre, et définitive. « Je préfère faire preuve de plus de patience. » Quant à la question d’ouvrir seulement le midi, celle-ci considère que c’est une solution plus adaptée pour les restaurants. « L’Ephéméride est vraiment classé comme un bar, allez trouver une clientèle qui consommerait entre midi et deux en cette période ! »

« Et vous Caroline, en tant que consommatrice, ça vous manque ?

-Beaucoup, beaucoup, beaucoup ! »

Les manifestants en espéraient davantage

Lorsque le président de l’UMIH réapparait, c’est au côté de Joël Mathurin, préfet du Doubs. Beaucoup de manifestants avaient déjà quitté les lieux. Les derniers présents ont pu entendre le discours du haut fonctionnaire, plutôt compatissant, mais visiblement pas suffisant. Joël Mathurin évoque une réelle obsession à ce que chacun puisse bénéficier de toutes les aides mises en place. « Mon obsession du quotidien est de faire en sorte que ces solutions puissent au moins arriver jusqu’à vous, et nous y travaillons tous » indique-t-il. Entre la possibilité de report des charges sociales, l’accès au fond de solidarité, ou encore une exonération de taxe et loyer, le préfet du Doubs promet un accompagnement sans faille, par le biais d’un guichet unique.
Ce discours n’a pas tout à fait rassuré la foule, laissant certains commerçants démunis, les yeux humides, face à cette grande porte brune.



Orlane Lachat

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